L’alimentaire se tourne vers La Mecque

Pendant le mois d’Août, la communauté musulmane célèbre le Ramadan. Cette période sacrée pour 5 millions de personnes sur l’Hexagone est l’occasion pour la Rédaction de supermarche.tv de faire le point sur le marché des produits Halal qui concernent plus de 9 musulmans sur 10. Même les «diversity baby-boomers» (1) restent fidèles aux traditions.
Les données de cadrage sur le marché français des produits alimentaires Halal sont rares. En revanche, celles disponibles ont le mérite de suffisamment baliser la catégorie pour en mesurer le potentiel et les pistes de développement. Référence en matière d’études ethniques, le cabinet Solis estime le chiffre d’affaires 2010 du Halal (tous circuits) à 5,5 milliards d’euros, en progression de 22%. Tandis que 4,5 Md€ sont le fruit du circuit traditionnel (boucheries-épiceries) où la viande occupe 85% des ventes, le CA des produits Halal en grandes surfaces (hyper+super+hard-discount) est estimé à moins de 150 M€. Soit 0,2% de l’alimentaire. Selon les données ACNielsen publiées par le magazine LSA, la charcuterie de volaille et les viandes surgelées pèsent ensemble plus de 50% des ventes de Halal en hyper et supermarchés. Viennent ensuite la viande fraîche (10%), les plats cuisinés surgelés et les saucisses représentant chacun 5% du CA.
Séduire les plus jeunes qui fréquentent les grandes surfaces
Avec quelque 5 millions de personnes d’origine maghrébine, turque, d’Afrique ou sub-saharienne représentant 9% de la population en France, nul doute du potentiel de cette tendance majeure qui ne demande qu’à exploser hors des réseaux traditionnels. Certes, la demande porte majoritairement sur les produits carnés, les musulmans consommant par exemple 3 fois plus de volaille que la moyenne de la population. «Nés en France, les jeunes issus de la 2ème ou la 3ème génération sont imprégnés des cultures GMS et restauration rapide, et veulent consommer des produits modernes mais adaptés aux exigences de leur communauté», revendiquent cependant fournisseurs et observateurs en rappelant le poids des moins de 35 ans chez les musulmans (63% de la population contre 32% au total France). Pour satisfaire les 80% consommateurs de Halal qui vivent dans des agglomérations de plus de 100.000 habitants, l’offre s’ouvre à de nouvelles catégories de produits transformés. «Nous devons aller à l’encontre des stéréotypes utilisés par certains acteurs», estime Haudecoeur, le grossiste francilien rappelant le lancement des pâtes/riz cuisinés en sachets Doy Pack individuels et micro-ondables signés Samia. Depuis le 20 Juillet, la marque s’affiche dans le métro parisien (+ RER) et à Marseille adoptant un ton moderne et humoristique.
Construire une offre significative en cybermarchés
La rédaction de Supermarche.tv a pris le temps de surfer sur les sites des principaux cybermarchés et pister la présence de produits Halal. Pour cette mini-enquête menée mi-juillet en amont du Ramadan, nous avons entré le terme Halal sur les home-pages, à défaut d’accès direct. En ouverture de site, Toupargel lui dédie un onglet abritant des viandes et volailles, des entrées et plats cuisinés surgelés (également disponibles dans la boutique Findus). Chez Carrefour, le Halal cohabite avec le Casher, un même onglet concernant des communautés bien différentes ! A condition de distinguer la promesse recherchée, l’offre Halal s’avère particulièrement vaste. La cinquantaine de références empiriquement identifiées fait la part belle aux produits de charcuterie-traiteur (marques Isla Delice, Fleury-Michon), surgelés (Maggi, Oriental Viandes) et spécialités du monde. Du côté de Telemarket, l’onglet Produits du Monde permet d’accéder aux gâteaux orientaux et viandes fraîches (steaks hachés, merguez, boulettes kefta, poulet…).
Enfin, tandis que Placedumarché et Monoprix n’indiquaient aucune référence Halal à l’heure de notre enquête, celui de Houra signalait timidement des lentilles au mouton et des merguez. «Nous proposerons une offre Halal digne de ce nom lorsque la réglementation sera harmonisée», explique Nicolas Le Hérissier, le Directeur marketing et communication de Houra analysant que «contrairement au bio repérable par les logos français et européen strictement réglementés, la certification Halal ne bénéficie d’aucune norme ni standard homogène permettant, pour l’instant, de nous engager significativement dans cette voie». Entre l’émergence d’organismes qui n’ont de certificateurs que le qualificatif, les polémiques sur l’étiquetage et les certifications émanant des Mosquées de Lyon, Evry-Courcouronnes et Paris, la «guerre des Minarets» se poursuit, au risque de semer le doute dans l’esprit des consommateurs, et ralentir la croissance d’un marché friand de produits à la fois «licites» au sens religieux du terme, et dans l’air du temps.
(1) traduisez, les enfants de migrants nés en France.
Sylvie Monzie
journaliste Supermarche.tv
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